lundi 3 novembre 2008

La différenciation

La pédagogie différenciée est un thème qui m'intéresse beaucoup. C'est notamment lorsque je faisais partie d'une association d'aide aux devoirs, il y a plusieurs années, que j'ai pu m'apercevoir de la variété de moyens que les élèves mettent en oeuvre pour "faire" ou pour "apprendre". Pour une même leçon, chacun fonctionnait de manière différente, l'un préférant découvrir la notion à force de mises en situation, l'autre ayant besoin de la leçon d'abord avant de pouvoir se lancer dans des exercices ; l'un comprenant mieux à l'aide de schémas alors que l'autre n'avait besoin que d'explications orales...

Mais commençons par un bref historique de cette pédagogie : après Piaget qui a avancé l'idée que tous les enfants ne se développent pas au même rythme, Célestin Freinet puis Ferdinand Oury mettent en oeuvre des pédagogies centrées sur les élèves, en tenant compte de leurs désirs et de leurs particularismes. Plus récemment, Philippe Meirieu a défini et donné le cadre de la pédagogie différenciée. Enfin, les programmes de 2002 ont largement insisté sur le fait de prendre en compte la diversité des élèves et de considérer toute classe comme une classe à cours multiples. Il est vrai que de nos jours, les classes sont plus hétérogènes que jamais. De plus, contrairement aux années soixantes, la vision de l'enseignement de la part des familles a nettement changé et "écouter", "obéir" et "faire des efforts" ne sont pas des notions acquises d'avance par nos élèves. Sans compter qu'au sein d'une classe, certains élèves ne se sentent que peu concernés et d'autres, délaissés, mis de côté.

Lors de ma précédente inspection, l'Inspecteur a assisté à une séance d'autonomie/remédiation (tel que je l'avais formulé dans mon emploi du temps). Cela avait piqué sa curiosité. En effet, chaque semaine, je prenais 30 minutes un groupe d'élèves dans un domaine particulier, sur une notion qui leur avait posé problème. Pas plus de 5 élèves (sur une classe de 25) car la source de leur difficulté n'était pas la même. Je reprenais avec eux la notion en essayant de la leur enseigner individuellement, selon les besoins de chacun. Le reste de la classe, qui n'avait pas besoin de moi sur cette notion, effectuait des exercices d'entraînement ou de perfectionnement en autonomie. En effet, cela m'a paru bien plus utile et approprié qu'une correction collective durant laquelle ces 5 élèves ne se seraient probablement pas exprimés et n'auraient pas tiré de bénéfices de mes explications. Mais il y a tant d'autres moyens de pratiquer la différenciation ! La mise en place de groupes de besoin, l'aménagement du temps de travail, proposer des tâches différentes, le tutorat entre élèves, le décloisonnement, et j'en oublie...

De mon point de vue, la classe ne forme pas un bloc. C'est un ensemble d'individus tous différents dont il faut s'efforcer de tenir compte. La "solution" des nouveaux programmes 2008 est l'Aide Personnalisée : une façon de contourner le problème du sureffectif de nos classes tout en maintenant une certaine forme de pédagogie différenciée... Mais pour moi il n'y a pas de mystère : la différenciation passe par des classes moins chargées. Or cela, notre Ministre ne semble pas l'entendre...
Pour en savoir plus, le livre "Comment différencier la pédagogie" d'Eric Battut et Daniel Bensimhon.

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